MARGUERITE D'ANGOULEME (11 avr. 1492 (Cognac) - 21
déc. 1549 (Odos))
Marguerite d'Angoulême
(1492-1549)
Elle naquit dans la tour ronde qui existe
encore. La statue orne le jardin de cette tour. Elle
était fille de Charles d'Orléans, comte
d'Angoulême, que le roi Charles VIII estimait
comme "l'un des plus homme de bien qui fut entre les princes
du sang", et de Louise de Savoie, princesse d'un
caractère et d'un esprit vraiment supérieurs.
A la mort du comte, en 1496, l'éducation de ses
enfants, Marguerite et François, plus jeune que sa
soeur de deux ans, fut dirigée par cette femme
remarquable. Marguerite apprit les langues anciennes et
modernes, et sa réputation de savoir et de
beauté fit briguer sa main par plus d'un puissant
prince. pour des raisons d'Etat, elle fut mariée
à Charles III, duc d'Alençon, qu'elle
n'aimait pas et n'aima jamais. Après la bataille de
Pavie, où il s'enfuit en entraînant avec lui
son corps d'armée, Charles parti pour Lyon et mourut
de chagrin et de honte, sans avoir revu sa femme, le 11
avril 1525.
Marguerite le regretta peu, car toute sa pensée
était vers son frère. Francois
Ier, malade de chagrin et
d'ennui, déperissait dans sa prison de Madrid. A
force d'insistance, sa soeur obtint du roi d'Espagne,
Charles Quint, un sauf-conduit. Arrivée à
Madrid, elle parvint à rappeler à la vie son
frère désespéré.
Charles Quint lui-même subit l'influence
irrésistible qu'elle exercait sur ceux qui
l'approchaient, mais la politique fit taire en son âme
les sentiments généreux. Pour peser d'avantage
sur la volonté du roi captif, il essaya de retenir
Marguerite jusqu'à l'expiration de son sauf-conduit.
Avertie à temps, cette princesse courut à
franc étrier vers la frontière, et,
malgré tous les obstacles, y arriva le soir
même ou expirait son autorisation de séjourner
en Espagne. François se souvint de ce
dévouement à toute épreuve et, rendu
à la liberté, voulut récompenser sa
soeur en la faisant reine. Il la maria à Henri
d'Albret, roi de Navarre. La petite Cour fixa sa
résidence à Nérac. Ce fut une belle
époque pour le Béarn et la Navarre.
Autour de cette princesse, qui personnifiait si bien le
génie de la Renaissance, les artistes, les
poètes, les novateurs accoururent en foule, surs de
trouver en elle un digne appréciateur de tous les
mérites, un coeur ouvert à toutes les
infortunes. Sa Cour était un vrai Parnasse, suivant
l'expression du temps. Tout y retentissait de musique, de
vers et de joyeux devis. Clément Marot, Bonaventure des Periers étaient ses
valets de chambre ; François Rabelais, Etienne Dolet, ses hôtes assidus ;
Roussel, Jean Calvin, les apôtres de la
Réforme, trouvaient auprès d'elle protection
et sympathie. Quand vinrent les persécutions, elle ne
les abandonna pas et se fit l'avocate près de son
frère, et mal en prit à ceux qui vinrent
l'accuser près de Francois Ier de suivre la religion
nouvelle. Le roi défendit formellement toute attaque
contre sa bien-aimée soeur. Marguerite, pour ne pas
contrister ce frère dévoué, revint
à la croyance catholique, et fut même
accusée de trahison par les religionnaires ;
mais sa conduite ne changea pas à leur
égard ; elle adoucit autant qu'elle le put les
mesures rigoureuses prises par le gouvernement du roi.
Marguerite eut la douleur de voir mourir son frère
deux ans avant elle, en 1547 ; elle abandonna la
culture des lettres et ne songea plus qu'a la mort. Mettant
sur le compte de son bon coeur et de sa charité la
faveur qu'elle avait accordée aux
réformés, elle déclara n'avoir jamais
abandonné le religion catholique. Elle mourut au
chateau d'Odos, près de Tarbes, le 21 décembre
1549 et fut inhumée dans la cathédrale de
Pau.
Six textes de la Reine ont été mis en musique
entre 1534 et 1567 par Lachapelle, Alaire, de Bussy, Jean Maille, Claude Goudimel et Roland de Lassus.