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Le vingtième siècle et la Renaissance ont au moins deux goûts communs : celui des listes et celui des réseaux. Sur cette page, plusieurs listes de musiciens du début du XVIè s. à 1610 rassemblent la plupart des célébrités de leur temps. Inutile de dire que certains des musiciens rassemblés ne se sont jamais connus, ou n'ont jamais pu être réunis au même endroit. Et dire qu'il nous suffit de cliquer sur leur nom pour consulter leur biographie et écouter quelques-unes de leur musiques...
Consultez les différents extraits en cliquant sur la date de parution.

Sommaire
  1. MOLINET, Jean, Nymphes des bois, 1497
  2. G. CRETIN, Deploration d'Ockeghem (déb. XVIè s.)
  3. Eloy d'AMERVAL, extr. du Livre de la Deablerie, 1508
  4. Texte du Mater floreat de Pierre Moulu (déb. XVIè s.)
  5. MITOU (J. DANIEL dit), Noëls, v. 1530, n° 3
  6. RABELAIS, Quart livre, prologue, 1552
  7. RONSARD, Preface du Livre de Meslanges, 1560
  8. MAILLART, Les tons et discours, 1610



MOLINET, Jean, Nymphes des bois. Texte composé pour la mort de Jean Ockeghem (6 fév. 1497), mis en musique par Josquin des Prés à la fin du XVè s., et imprimé pour la première fois dans les Motetti a cinque. Libro primo d'Ottaviano Petrucci en 1508.



Nimphes des bois, deesses des fontaines
Chantres expers de toutes nations
Changés vos voix tant cleres et haultaines
En cris tranchans et lamentations
Car Atropos tres terrible satrape
Vostr' Ockeghem a trappé en sa trappe
Vray tresorier de musique et chef d'oeuvre
Dot, elegant de corps et point trappé
Dont grant domaige est que la terre coeuvre.
Accoutrés vous d'habits de doeul,
Josquin, Brumel, Pierchon, Compere,
Et plourez grosses larmes d'oeil
Perdu avez vostre bon pere,
Requiescat in pace. Amen.


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CRETIN, Guillaume, extr. de la Déploration sur la mort d'Ockeghem (6 fév. 1497) ; contrairement à Nymphes des bois de Jean Molinet, ce texte ne semble pas avoir été mis en musique.



Agricola, Verbonnet, Prioris,
Josquin Desprez, Gaspar, Brumel, Compere,
Ne parlez plus de joyeux chantz ne ris
Mais composez un Ne recorderis
Pour lamenter nostre maistre et bon pere.


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Eloy d'AMERVAL, extrait du Livre de la Deablerie, Paris, 1508.


A trois, à quatre, à cinq, à six
Bien remplis, doulcement assis
Et tant plaisans sans point doubter
Que qui les chante ou oit chanter
En a le coeur tout resjouy
Comme
Dompstaple ou Du Fay
Qui tant doulcement en leur temps
Par bel et devot passetemps
Ont composé (ce sçay-je bien)
Et plusieurs aultres gens de bien :
Robinet de Magdelaine,
Binchoiz, Fede, Jorges et Hayne,
Le Rouge,
Alixandre, Okeghem,
Bunoiz, Basiron, Barbingham,
Louyset, Mureau, Prioris,
Jossequin, Brumel, Tinctoris,,
Et beaucoup d'aultres, je t'asseure,
Dont n'ay pas memoire à ceste heure.


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Texte du motet Mater floreat de Pierre Moulu (début XVIè s.)


Mater floreat, florescat modulata musicorum melodia,
Crescat celebris Dufay cadentia, prosperetur praeclaris.
Regis, Busnoys, Baziron, subtiles glorientur,
Triumphet
Alexander magnificus.
Congaudeant
Obreth, Compere, Eloy, Hayne, La Rue memorabiles,
Josquin incomparabilis bravium accipiat.
Rutilet delphicus de Longueval tanquam sol inter stellas,
Lourdault, Prioris amenus,
Ne absint decori fratres de
Fevin, Hilaire hilaris, Divitis felix,
Brumel, Isaac, Ninot, Mathurin Forestier, Bruhier facundi.
Mouton cum vellere aureo date gloriam,
Regi et regine in cordis et organo.


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MITOU (Jean DANIEL, dit), Noëls nouveaux, vers 1530, n° 3 (extraits) :


"Un gracieux oyselet
Est venu en noz villages,
Chantant ung noel nouvellet. [...]
Alexandre tout de het
Sur trois parties fit raige.
Prioris le doulcelet
Y montre bien son ouvraige.
Josquin s'y est adonné,
Qui par sus tout a tonné. [...]
En ce petit hostelet,
Richafort ne fut sauvaige ;
Deschanta un motelet,
Dieu sait sait s'il estoit ramaige.
Et
Mouton fort renommé
Moullu tant doucement rue.
La benigne dame oyait
Des musiciens l'usaige. [...]
Janequin vint au rollet,
Jouant bien son personnage."


(Je n'ai pas retrouvé l'extrait concernant Claudin de
Sermisy).

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François Rabelais (1494-1553)
était comme les musiciens amateur de bonne cuisine..

RABELAIS, François, Quart livre, prologue de l'auteur (1552 ; d'ap. Rabelais, La Pléiade, 1955, p. 531-533). La chanson Grand Tibault interprétée par la génération de Josquin repose sur un texte de Mellin de Saint-Gelais légèrement modifié (Ung mary se voulant coucher), texte mis en musique par Janequin en 1542 :


"Et me soubvient (car j'ay mentule, voyre diz-je memoire bien belle et grande pour emplir un pot beurrier avoir un jour [...] en may, ouy jadis en un beau parterre
Josquin des Préz, Olkegan, Hobrethz, Agricola, Brumel, Camelin, Vigoris, de la Fage, Bruyer, Prioris, Seguin, de la Rue, Midy, Moulu, Mouton, Guascoigne, Loyset Compère, Penet, Févin, Rouzée, Richardford, Rousseau, Consilion, Constantio Festi, Jacquet Bercan, chantans mélodieusement : Grand Tibault se voulant coucher Avecques sa femme nouvelle [...]
Neuf Olympiades et un an intercalare après (ô belle mentule, voire, diz-je, mémoire ! [..]), je ouy Adrian
Villart, Gombert, Janequin, Arcadelt, Claudin, Certon, Manchicourt, Auxerre, Villiers, Sandrin, Sohier, Hesdin, Morales, Passereau, Maille, Maillart, Jacotin, Heurteur, Verdelot, Carpentras, Lhéritier, Cadéac, Doublet, Vermont, Bouteiller, Lupi, Pagnier, Millet, du Mollin, Alaire, Marault, Morpain, Gendre et aultres joyeulx musiciens en un jardin secret, soubz belle feuillade, autour d'un rampart de flaccons, pastéz et diverses cailles coyphées mignonnement chantans : S'il est ainsi que coingnée sans manche Ne sert de rien, ne houstil sans poignée [...]."


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RONSARD, Pierre de, extrait de la Preface au Roy Françoys II, publiée en tête du Livre de Meslanges contenant six vingtz chansons des plus rares, et plus industrieuses qui se trouvent, soit des autheurs antiques, soit des plus mémorables de nostre temps, Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1560 (Ronsard, La Pléiade, 1994, T. II, p. 1173-1174) :


"Et pource, Sire, quand il se manifeste quelque excellent ouvrier en cest art, vous le devez songneusement garder, comme chose d'autant excellente, que rarement elle apparoist. Entre lesquelz se sont depuis
six ou sept vingtz ans eslevez, Josquin des Préz Hennuyer de nation, et ses disciples Mouton, Vuillart, Richaffort, Janequin, Maillart, Claudin, Moulu, Jaquet, Certon, Arcadelt. Et de present le plus que divin Orlande, qui comme une mouche à miel a cueilly toutes les plus belles fleurs des antiens, et outre semble avoir seul desrobé l'harmonie des cieux pour nos en resjouir en la terre, surpassant les antiens, et se faisant la seule merveille de nostre temps."


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MAILLART, Pierre, Les tons et discours sur les Modes de Musique, 1610.


Il y a environ deux cents ans que vivaient Ockeghem, Hobrecht, Pierre de la Rue et semblables. Les musiciens du jourd'huy peuvent savoir quelle musique ils nous ont laissée. A ceux-là ont succédé Josquin Després, Jean Mouton, Richafort et autres, lesquels ont trouvé un autre air et une autre manière de composer. Depuis sont venus Nicolas Gombert, Clemens Non Papa, Crecquillon, Certon et plusieurs autres semblables lesquels ont disposé la musique d'une toute autre façon. Et puis a encore esté changée par Adrian Vuillaert, Cyprien de Rore, Orlando di Lasso, Philippe de Monte et autres de semblable humeur. Et de notre temps nous la voyons traiter d'une autre sorte par Jacque de Wert, Luca Marenzio, Jean Feretti et leurs semblables. Et non seulement les diverses saisons, ains encore les diverses provinces nous fournissent aussi diverses sortes de musique, car autres sont les Madrigals d'Italie, autres les chansons à la Napolitaine, autres les vellancicos d'Espagne, autres les airs de France et autres les chansons et les motets d'Allemagne et du Pays-Bas. Les musiciens mesmes d'un mesme temps et d'un mesme pays sont si differents entre eux qu'il n'y a si petit compagnon qui ne tasche d'avoir quelque air ou quelque grace particuliere par laquelle il puisse estre recognu et distingué des autres, tant sont les nouveautés recherchées en musique.



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