PALESTRINA, Giovanni PIERLUIGI da
(1525 (Palestrina)-2 fév. 1594 (Rome))
Giovanni Pierluigi da Palestrina
Giovanni Pierluigi
prit le nom de sa ville natale, Palestrina (la Praeneste des
Romains), à quarante kilomètres à l'est
de Rome. Dans les Notizie dei maestri di cappella si di
Rome che ultramontani 1600-1700", manuscrit
conservé au Vatican, Giuseppe Ottavio Pittoni
(1657-1743) prétend que le jeune Palestrina chantait
dans les rues de Rome en vendant les produits de la ferme de
ses parents. Il semble plutôt qu'à la mort de
sa mère en 1536, son père, Sante Pierluigi, le
fit admettre à la maîtrise de
Sainte-Marie-Majeure, où sa présence est
signalée le 25 octobre 1537. C'est ainsi qu'il aurait
été recruté par le maître de
choeur de Sainte-Marie-Majeure, qui, impressionné par
la voix magnifique et le talent prononcé du
garçon, s'occupa de son éducation musicale.
Selon certaines sources, il aurait été
élève de Jacques Arcadelt.
De 1544 à 1551, il occupa le poste d'organista e
maestro di canto à la cathédrale de sa
ville natale. En 1547, il épousa Lucrezia Gori, et en
eut trois fils, Rudolfo, Angelo et Iginio, qui furent tous
musiciens. En 1553-1554, il eut l'occasion de rencontrer un
jeune homme prometteur, Roland de Lassus.
Lorsque l'évêque de Palestrina, Giovanni Maria
del Monte, devint pape sous le nom de Jules III,
le musicien fut appelé à Rome comme maestro
della Cappella Giulia, puis élevé à
la très honorable situation de membre du conseil
pontifical, en remerciement de la dédicace de son
premier livre de messes en 1554. Un an plus tard, à
la mort de Jules III, le pape Marcel II lui
succéda et mourut à son tour au bout de trois
semaines. Durant ce très court pontificat, il avait
recommandé plus de simplicité et
d'intelligibilité dans la musique polyphonique
d'église. Ce voeu, en partie exaucé dans la
Messe du Pape Marcel (Missa Papae Marcelli, 1555),
fut confirmé un peu plus tard par le Concile de
Trente (1562). Cette même année 1555,
Palestrina abandonna sa charge de maître de chapelle
pour le poste de chanteur à la Chapelle
Sixtine.
Plafond de la Chapelle Sixtine
(construite en 1473)
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Palestrina présentant
une de ses oeuvres au pape Jules III
(cliquez sur cette image pour
l'agrandir)
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Dès son avènement en 1555,
le successeur de Marcel II, Paul IV, exigea la
démission de la chapelle pontificale de tous les
chanteurs qui se seraient mariés ou auraient "commis"
des madrigaux (fautes lourdes et
inexcusables ;-))))))) ). Coupable des deux
forfaits (comme son collègue Domenico Maria
Ferrabosco),
Palestrina accepta la direction de la Cantoria de
Saint-Jean-de-Latran (1555-1560), puis celle de Sainte-Marie
Majeure (1561-1568). Parallèlement, il enseigna la
musique au séminaire de Rome, et organisa pendant
l'été les festivités musicales du
cardinal Hippolyte d'Este dans sa villa de Tivoli
récemment achevée. En 1570, il reprit ses
fonctions à la Capella Giulia avec des
émoluments plus élevés. Quelques
années plus tard, il fut chargé, sur l'ordre
de Grégoire XIII, de la réforme du
répertoire grégorien : tâche
impossible en l'absence de documents originaux, et qui fut
abandonnée après quelques années.
Les années 1570 furent noires pour Palestrina :
pendant cette période il perdit sa femme, deux de ses
trois fils (Rodolfo mourut le 20 novembre 1572) et ses deux
frères dans les épidémies
consécutives aux guerres. Il obtint alors du pape
l'autorisation d'entrer dans les ordres. Mais, moins d'un an
plus tard, il épousa une riche veuve, Virginia
Dormoli, dont il géra avec succès le commerce
de fourrure pendant au moins dix ans. S'ensuivit une
période d'aisance, qui lui permit de publier
régulièrement sa musique. C'est la
période de ses plus belles oeuvres, et
également celle où sa réputation est
à son apogée. Il avait décidé de
se retirer dans sa ville natale lorsqu'il mourut subitement.
Une foule nombreuse assista à ses obsèques, et
il fut enseveli à Saint-Pierre dans la Capella Nuova,
démolie peu après lors des travaux de
reconstruction de la basilique. Ses restes n'ont jamais pu
être retrouvés.
Palestrina fut l'ami et le conseiller de la fondation de
l'Oratoire, fondée quelques années plus
tôt par Saint Philippe Neri pour lequel il composa
quelque laudi
et motets. Il semble avoir détesté le
madrigaliste Luca Marenzio
(qu'il avait pourtant fréquenté dans la
Vertuosa compagnia dei musici romani, groupe
comprenant également Giovanni de
Macque), au point que Marenzio ne
put exercer aucune fonction ecclésiastique.
Deux demi-frères de Palestrina, Bernardo et Silla,
issus du remariage de son père vers 1537, devinrent
également musiciens. Giovanni Pierluigi da Palestrina
eut parmi ses élèves deux de ses fils, Iginio
et Rodolfo, ainsi que Giovanni Maria Nanini
(avec qui il fonda une école en 1571) et l'Espagnol
Tomas Luis de Victoria.
Ses oeuvres furent adaptées au luth par entre autres,
l'Allemand Melchior Neusidler
et l'Italien Giovanni Bassano.
Le style de Palestrina fut étudié au cours des
siècles suivants par de nombreux
théoriciens : Johann Joseph Fux en fit le
fondement de son essai sur le contrepoint intitulé
Gradus as Parnassum (1725). Sa connaissance
limitée des oeuvres du maître italien,
limitée, jointe à la
célébrité du livre, est à
l'origine d'une tradition pédagogique rigide peu en
rapport avec le style de Palestrina. L'héritage de
Palestrina n'est pas uniquement composé de quelques
centaines d'oeuvres musicales : vers 1588, il fonda
à Rome la Vertuosa Compagnia, première
association pour la défense des intérêts
professionnels de musiciens. Cette associaciation est
à l'origine de la Congregazione di Santa Cecilia, qui
donna naissance, au XIXè s., à
l'Accademia di Santa Cecilia.
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