air de cour (ou air, tout court) : composition de forme strophique pour voix seule ou plusieurs voix accompagnée(s) au luth, diffusée en France aux XVIè et XVIIè s. De style syllabique (une seule syllabe par note) et de caractère galant, il est souvent structuré en deux parties, qui peuvent être répétées avec des variantes.

archicembalo (mot ital.) : type de clavecin inventé et construit par le théoricien Nicola Vicentino vers 1558. Doté de six claviers complémentaires de 125 touches, il était accordé de façon à pouvoir reproduire tous les sons des trois genres de la musique grecque, diatonique, chromatique et enharmonique. Vicentino construisit également en 1561 un archiorgano de 126 touches sur le même principe.

bandora : instrument à doubles cordes métalliques pincées, de la famille du luth, dont l'invention est attribuée à John Rose (1562). De tessiture grave, ses cordes étaient regroupées en six choeurs et jouées avec un plectre. Elle fut en faveur jusqu'au XVIIè s.

basse danse (basse dance) : danse noble et lente en pas glissés.
Exemple musical : Pierre
ATTAINGNANT, Basse danse extraite de la suite La Magdalena (ornementation : Olga Bluteau, mars 2000).

branle (bransle) : danse de la Renaissance qui "se doit commencer du pied senestre et se doit finir du pied dextre et s'appelle branle pour ce qu'on le fait en branlant d'un pied sur l'autre." (Michel TOULOUZE, L'Art et l'instruction de bien danser (ca 1496). Il existe plusieurs types de branles (26 selon Thoinot Arbeau). Voici les principaux : double (caractère calme, mesure binaires, phrases groupées par deux), simple (calme, binaire, phrases groupées en 2+1), gai (vivant, ternaire, phrases régulières) et "de Bourgogne" (très vivant, ternaire ou binaire, phrases irrégulières ; d'ap. l'ouvrage de Philippe VENDRIX, p. 31-32).

anthem (mot angl.) : composition chorale sur texte sacré en langue anglaise en usage dans l'Eglise anglicane à partir de la Réforme protestante.

bicinium (pl. bicinia ; mot lat.) : pièce vocale à deux voix.

Exemple musical : Tilman SUSATO, bicinium Doulce memoire.

cantus firmus (expr. lat.) : "[...] guide selon Johann Walter [1496-1570] dans l'intinéraire d'une oeuvre polyphonique. Cette mélodie préexistante et empruntée servira de point de départ, de fondement et de principe structurel." (Edith WEBER, "Le cantus firmus dans le choral luthérien", Itinéraires du cantus firmus, 1994, p. 13 (actes du colloque cantus firmus I organisé le 11 avril 1992).
Exemple musical : Paschal de
L'ESTOCART, Mon ame en Dieu tant seulement (ps. 62 sur cantus firmus).

cervelas : instrument à anche utilisé à la Renaissance et dans la musique baroque composé d'un tuyau relié à une grosse anche double et d'un petit cylindre de bois percé de nombreux trous cylindriques parallèles unis deux à deux par des raccords internes. De cette manière, on obtient une colonne d'air très longue permettant d'obtenir un son grave et bourdonnant.

chaconne : "Chant composé sur une Basse obligée de quatre mesures [...] & qui se repette autant de fois que la Chacone a de Couplets ou de variations, c'est à dire, de chants differens composez sur les Nottes de cette Basse." (Sébastien de BROSSARD, Dictionnaire de musique, 1702).

chitarrone (mot ital.) : genre d'archiluth, qui se différencie du théorbe par un manche plus important qui dépasse en longueur le chevillier principal de plus d'un mètre et se termine par un chevillier supplémentaire soutenant les cordes de bourdon.

contrafactum (mot lat.) : procédé consistant à transformer les paroles d'une pièce sans toucher à la musique. Ainsi les Réformés transformèrent les chansons profanes plus ou moins licencieuses en chansons spirituelles sans toucher à la musique.

diferencia (mot esp.) : composition espagnole du XVIè s., le plus souvent pour orgue, luth ou vihuela, en forme de variation sur un plain-chant ou une mélodie populaire.

fricassée (ou quodlibet (lat.)) : chanson constituée d'extraits de pièces variées, comme des chansons polyphoniques connues, des mélodies populaires, des cris de rue, etc. La plus célèbre d'entre elles est celle d'Henry Fresneau.

frottola (mot ital. ; pl. : frottole) : forme musicale polyphonique rattachée à la forme littéraire homonyme. Elle se répandit en Italie fin XVè-début XVIè s. avant d'être supplantée par le madrigal. D'origine populaire, sur des textes à thème amoureux, elle est caractérisée par son écriture verticale et le rôle mélodique de la partie supérieure. Du point de vue métrique, la frottola ressemble à la ballade du XIVè s. dont elle est issue et au villancico espagnol, avec une alternance de couplets et de refrain.

glosa (mot esp. ; adj. : glosado) : équivalent espagnol de la diminution, variation improvisée d'une mélodie donnée par de brefs dessins ornementaux. En 1553, Diego Ortiz y consacra son traité.
Exemple musical : Diego ORTIZ,
Recercada tercera sobre Doulce memoire, extr. du Trattado de glosas (1553). C'est la basse de la chanson Doulce memoire de Pierre Sandrin qui est ornée et jouée à la viole.

greghesca (mot ital. ; pl. greghesce) : pièces profanes écrites dans un dialecte mélangeant plusieurs langues (vénitien, dalmate, grec).

In nomine (mots lat.) : forme instrumentale typiquement anglaise sur cantus firmus, cultivée pendant plus d'un siècle, de John Taverner à Henry Purcell.

intrada (mot ital. ; pl. intrade) : aux XVIè et XVIIè s., pièce instrumentale de caractère majestueux et martial ouvrant les cérémonies de fête et introduisant des ¦uvres théâtrales, ballets et oratorios. Ce terme désigna ensuite une pièce de structure précise (4/4, mouvement lent et rythme de marche), insérée dans les suites, en particulier en Allemagne. C'est sous cette forme que l'intrada survécut jusqu'au début du XIXè s.

lauda ou laude (mot ital. ; pl. laudi) : chanson spirituelle italienne, en langue vulgaire et de caractère populaire, religieuse, mais extra-liturgique, qui fleurit aux XIIIè et XIVè s. Cette lauda monodique est une spécialité franciscaine. Tombée en désuétude à la fin du XIVè s., elle réapparut au XVè sous une forme polyphonique, écrite à trois ou quatre voix, de style homophone et vertical. Sorte de frottola sacrée, elle pénétra à Rome dans la seconde moitié du XVIè s. et pénétra dans le domaine scénique au XVIIè s. Elle ne se différencia alors de l'oratorio que par le fait que les différents personnages y étaient chantés par le choeur entier (solistes dans l'oratorio).

leipogramme ou lipogramme (vers) : vers dans lequel une lettre de l'alphabet n'est pas employée volontairement. Le procédé remonte au XVIè s., et le premier utilisateur du procédé pourrait bien être Salomon Certon (1552-vers 1620) qui parle joliment de "lettres laissées".

lied (mot alld ; pl. lieder) : à l'époque carolingienne, chant ecclésiastique en allemand populaire devenus au XVIè s. l'une des sources du choral luthérien. Du XIVè s. au début du XVIè, le lied polyphonique, à 3 ou 4 voix, est construit sur des mélodies populaires ou courtoises préexistantes. Les voix inférieures sont souvent instrumentales. Ce n'est que vers 1530 qu'apparaissent les premiers lieder entièrements vocaux. Souvent de forme strophique, le lied s'apparente à la canzonetta italienne avec laquelle il finira par fusionner (tout en gardant son texte en allemand).

mask (mot anglais) : divertissement théâtral en vogue à la cour d'Angleterre aux XVIè et XVIIè s., mêlant action scénique récitée, chant, danse en costume et pantomime. Il est peut-être issu de l'intermezzo italien et assimilé au ballet de cour français. Le sujet en est souvent mythique ou allégorique. Ce genre exerça une influence sur les musiques de scène de Purcell, et tomba en désuétude avec la montée de l'opéra.

mozarabe (chant) : chant liturgique de l'ancienne église espagnole, il constitue l'un des quatre groupes musicaux de la liturgie chrétienne du Moyen Age en Europe occidentale (avec le chant romain, le chant gallican et le chant ambrosien). Sa tradition s'établit entre le IVè et le Vè s. (époque de la christianisation de la péninsule ibérique). Les grands centres de producitons furent Séville, Tolède et Saragosse. Parmi les principaux auteurs figurent Saint Isidore et Saint Eugène.

ostinato (n.m. d'orig. ital., pl. : ostinati) : motif obstiné (comme son nom l'indique) servant à structurer une oeuvre. Exemple : le Canon de Johann Pachelbel repose sur une basse formée huit valeurs longues répétée vingt-huit fois pendant tout le morceau.

passemezzo (mot ital. ; graphies diverses) : danse de la Renaissance, binaire et de mouvement modéré, proche de la pavane, mais moins solennelle et un peu plus animée que cette dernière. D'origine française ou italienne, le passemezzo apparaît souvent dans le répertoire de luth ou de virginal.

rebec : instrument à archet comportant une ou plusieurs cordes, de forme allongée et proche de l'actuel rebab arabe.

recercada (mot esp. signifiant "recherche") : ce terme désigne une pièce d'écriture "recherchée", que ce soit au niveau du contrepoint ou au niveau de l'ornementation.
Exemple musical : Diego
ORTIZ, Recercada tercera sobre Doulce memoire, extr. du Trattado de glosas (1553). C'est la basse de la chanson Doulce memoire de Pierre Sandrin qui est ornée et jouée à la viole.

romance (n. m. esp.) : né au XIVè s. en Castille, le genre se répandit dans toute l'Espagne. Apparenté aux chansons de geste françaises, sa forme musicale est empreinte de solennité, de gravité et de majesté.

saqueboute : ancêtre du trombone.

service (mot angl.) : dans le rite anglican, dénomination générique de chaque composition polyphonique sur le texte d'une des parties invariables de la messe ou de l'office. Tous ces textes furent rassemblés dans le Book of Common Prayer après la Réforme anglaise.

sprezzatura (mot ital.) : terme en usage vers la fin du XVIè s. dans la Camerata fiorentina, désignant de façon générale la liberté vocale du nouveau style monodique accompagné, aussi bien dans la conduite rythmique que dans la pratique des ornements.

tablature : système de notation pour instruments à cordes (luth, guitare...) ou clavier (orgue, épinette, clavecin...) adopté en Europe aux XVIè et XVIIè s. Les tablatures d'instruments à cordes se présentent sous la forme de ligne (une par corde) sur lesquelles sont inscrites des lettres représentant la place des doigts sur l'instrument. Ce système est encore usité aujourd'hui pour la guitare.
Exemple musical : Pierre
CERTON, C'est grand pitié (1538), chanson à quatre voix, d'après la tablature de luth de Pierre Phalèse (1547).

Tablature de luth manuscrite
avec l'autographe de John Dowland
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

tenorlied (mot allemand ; pl. : tenorlieder) : chant en allemand de style verticale dont la mélodie principale est placée à la partie de ténor. C'est un des ancêtres du choral.

théorbe : sorte d'archiluth, ou grand luth, légèrement plus petit que le chitarrone.

tiento (mot esp., du verbe tentar, "toucher", "éprouver") : composition instrumentale qui connut une grande faveur en Espagne et au Portugal aux XVè et XVIè s. A l'origine, il s'agit (chez Luys Milan) d'une pièce libre pour vihuela.En passant au clavier avec Cabezon, il incorpore le style imitatif et le cantus firmus.

tourdion : danse ternaire généralement exécutée après la basse danse. Proche de la gaillarde, elle comporte cinq pas sur six battements (temps), avec un glissé sur le cinquième. Le plus célèbre des tourdions est probablement Quand j'ai bu du vin clairet, montage musicologique contemporain composé d'un texte du XVIè s. et d'une mélodie publiée chez Pierre Attaingnant.
Exemple musical : Pierre ATTAINGNANT,
Tourdion extrait de la suite La Magdalena (ornementation : Olga Bluteau, mars 2000).

tricinium (pl. tricinia ; mot lat.) : pièce vocale à trois voix.

vihuela (mot esp.) : ancien instrument à cordes espagnol, pouvant être soit à archet (de arco) soit à cordes pincées (de mano). Au XVIè s. le terme vihuela de arco devint synonyme de viole de gambe. La vihuela de mano, elle est probablement née à la fin du XVè s. Comportant jusqu'à six cordes, dont cinq doubles, et possèdant un fond plat, elle ressemble un peu (de par sa forme) à la guitare actuelle. Elle connut une large diffusion dans la société élégante espagnole grâce notamment aux ¦uvres de Luys Milan (1536).

villancico (qqf. vellancico ; mot esp.) : composition poétique et musicale espagnole, diffusée également au Portugal et en Amérique latine. Au Moyen Age, il était monodique, semblable au virelai français par sa structure en plusieurs strophes (coplas) avec un refrain (estribillo) intercalé. A la Renaissance, il s'uniformisa et devint polyphonique.

villotta (pl. villotte ; mot it.) : composition polyphonique des XVè et XVIè s., originaire du Frioul et répandue ensuite en Italie du Nord le plus souvent sous les dénominations alla friulana, alla mantovana, alla veneziana. Ecrite sur des quatrains ou des sixains, la villotta est généralement à 3 ou 4 voix, avec des mouvements en imitations et de fréquents passages homorythmiques.

virginal : petite épinette sans pieds, à poser sur une table ; instrument typique de la Renaissance anglaise, il était souvent utilisée pour l'éducation des jeunes filles, d'où son nom.